Les plastiques affichent toujours un essor inégalé et paient peut-être aujourd’hui la rançon de leur succès.
Alors que la demande en plastiques dans toutes les régions continue de progresser fortement dans un contexte d’essor économique retrouvé, les plastiques sont critiqués de toutes parts, pour leurs effets supposés sur la santé et leur impact sur l’environnement.
Face à des produits aux performances remarquables et à une industrie de plus en plus engagée pour trouver des solutions aux défis de la planète, les contraintes réglementaires et les interdictions font florès en Europe. Dans une société où il est plus facile d’interdire que d’éduquer, le rationnel est souvent occulté. Dans ce contexte, PlasticsEurope estime que l’industrie des Matières Plastiques est à un moment charnière de son histoire et risque de se trouver impactée.

L’industrie des plastiques répond à des besoins planétaires
La production mondiale de matières plastiques a poursuivi sa croissance en 2017. Avec 348 Mt°, la production mondiale de plastiques a augmenté de 3,9%.
Pour la troisième année, la production a en effet augmenté dans tous les secteurs clients, particulièrement dans deux secteurs importants consommateurs de plastiques : l’automobile où la croissance a presque doublé depuis 2015 (6,2% contre 3,5%) et les équipements électriques et électroniques (6,4% contre 3,1%). Autres secteurs dont la croissance progresse encore par rapport à celle des 2 années précédentes : l’alimentation et les boissons.
Les thermoplastiques* sont de loin les plus largement utilisés et représentent 80% de la demande des transformateurs de plastiques. Parmi eux, 248 Mt proviennent des plastiques standards (90% des thermoplastiques) auxquels il faut ajouter 27 Mt pour les plastiques techniques.

En 10 ans, la production de plastiques dans le monde a augmenté de 103 Mt, soit d’un tiers (245 Mt en 2006 contre 348 Mt en 2017). Mais on assiste à une claire redistribution des cartes : en 2006, l’Europe était en tête (25%) devant l’Amérique du Nord (23%), la Chine était en 4e position avec 15%. En 2017 c’est la Chine qui est en tête avec 29%. Si l’on additionne la Chine, le Japon et le reste de l’Asie, ce sont 50% des plastiques qui sont produits dans cette région du monde.
L’Europe, avec -7%, et l’Amérique du Nord, avec -6%, n’ont pas profité de cette croissance. La production européenne est restée pratiquement stable en volume depuis dix ans. A noter que le Moyen Orient, l’Amérique Latine et la Russie sont restés au même niveau sur la même période.

En Europe, la production totale de plastiques est passée de 62,3 Mt à 64,4 Mt de 2016 à 2017, soit une augmentation de 3,4%.
Les deux secteurs porteurs sont, comme au niveau mondial, les équipements électriques et électroniques et l’automobile avec une progression respectivement de 6,3% et de 4,9% ; la construction est en 3e position avec une croissance de 3,4%. Le volume des exportations a légèrement diminué de 0,5 Mt.
La demande des plasturgistes en matières plastiques a augmenté de 3,6% entre 2016 et 2017 et s’élève à 51,7 Mt en Europe. Elle progresse pour tous les types de plastiques.
Les deux plus gros secteurs consommateurs de plastiques sont l’emballage, avec près de 40% de la demande totale, et la construction avec 19,4%. L’automobile, en 3e position, représente un peu plus de 10%.
Le renchérissement du prix du pétrole depuis début 2016 a entrainé une hausse du prix des principales matières premières des plastiques, que sont en particulier l’éthylène et le propylène ; ces hausses se sont cependant diversement reflétées dans le prix des polymères standards, compte-tenu d’équilibres offre/demande différents en fonction des polymères.     

Une industrie des plastiques de plus en plus circulaire
Si l’utilisation de plastiques recyclés en Europe reste à ce jour modeste (3,8 Mt, soit 7%), elle est appelée à progresser significativement dans les années à venir, notamment sous l’impulsion des engagements volontaires de l’industrie plastique souhaités par la Commission Européenne, qui a fixé l’objectif très ambitieux d’atteindre les 10 Mt en 2025. Cependant, pour PlasticsEurope, la progression attendue de la demande devrait permettre que l’intégration de recyclé dans les produits se combine avec une croissance de l’utilisation de plastiques vierges. Une combinaison à suivre désormais.

En France la reprise est bien marquée,
L’année 2017 a montré une progression significative des indices de la production et de la transformation des plastiques:
+7,8% pour la production, à comparer aux +3,4% en Europe
+4,5%, pour la transformation, à comparer aux +3,6% en Europe.
Cela pourrait être le signe que l’industrie a regagné en compétitivité.

Ainsi, la demande totale en France a atteint 5 Mt en 2017, soit 10% de la demande européenne. À noter que plus de 45% sont à mettre au compte du secteur de l’emballage, pratiquement 19% à celui de la construction, suivi par l’automobile avec 10%.
On produit plus de PET en France (9,4% des thermoplastiques) qu’en Europe (7,4%) ; une des spécificités de la France qui est très grande productrice de bouteilles plastiques.
La demande pour l’emballage est également en progression de 4% avec un volume de 2,27 Mt contre 2,18 Mt.
Si l’on regarde la balance des exportations et importations de polymères, il faut remarquer que, pour la production, et sans surprise, l’Allemagne est le partenaire privilégié de la France, tant à l’export qu’à l’import, devant la Belgique puis l’Italie. Hors UE, c’est vers la Turquie que la France exporte le plus. Enfin, le solde annuel est positif de plus de 1,0 Mt et a progressé de 10% par rapport à 2016.


Mais elle est aussi menacée

Des mesures contestables au niveau européen :
Tout en partageant le constat de questions environnementales certaines (présence de déchets plastiques dans l’environnement, taux de recyclage des plastiques encore limité), et la nécessité d’y apporter des solutions, PlasticsEurope s’inquiète des initiatives récentes lancées au niveau européen stigmatisant les plastiques:
- La proposition de réglementation sur certains produits plastiques à usage unique, incluant l’interdiction à la vente de cotons tiges, de couverts et assiettes, pailles, touillettes et tiges de ballons, et des objectifs de réduction de l’utilisation des contenants alimentaires destinés à la consommation rapide et des gobelets,
Cette proposition pourrait conduire, selon l’évaluation de la Commission, à une baisse du chiffre d’affaires de 3,2 Ma € pour l’industrie plastique mondiale mais surtout, elle pointe du doigt un matériau sans nécessairement régler les causes fondamentales du problème.  
A cela vient s’ajouter la proposition de taxe sur les emballages plastiques non recyclés destinée à apporter une nouvelle ressource financière au budget de la commission (évalué à 1,2 Ma € pour la France).


En France, des initiatives discriminatoires et non fondées
L’industrie des plastiques (production et transformation) compte 3.725 entreprises sur le sol français, elle emploie 108.280 personnes pour un chiffre d’affaires total de 33,3 Ma €.
Elle est de plus en plus la cible d’initiatives politiques ou sociétales visant à interdire des catégories de produits, sur un marché spécifique ou l’ensemble des marchés. Que ce soit au titre du principe de précaution et au motif de la dangerosité supposée des produits en plastique pour la santé, soit pour trouver des solutions simplistes à des problèmes environnementaux complexes, ces initiatives ne tiennent compte ni des législations et règlementations qui pourtant assurent l’innocuité pour le consommateur, ni d’une vision globale des enjeux environnementaux.
Beaucoup d’amalgames, d’erreurs et d’idées reçues sont diffusées : plastifiants dans les plastiques rigides, perturbateurs endocriniens dans la composition de tous les plastiques, non-recyclabilité de plastiques déjà largement recyclés, pour ne citer que les plus courants.
Pour exemple la récente proposition d’amendement de la loi Elan, interdisant les portes et fenêtres en PVC (60% du marché) à partir de 2022, qui menace directement 500 entreprises pesant 2,5 Ma€ de chiffre d’affaires et qui priverait le marché d’un produit particulièrement économique et performant sur le plan énergétique.

CONCLUSION
Au niveau mondial, européen et français, la croissance de la demande en matières plastiques a continué d’être soutenue en 2017, particulièrement portée par les secteurs de l’automobile et des équipements électriques et électroniques.
Les menaces deviennent cependant de plus en plus nombreuses sur certains produits plastiques (emballages, certains produits à usage unique, etc), parfois au mépris d’une vision holistique des problématiques ou même simplement de la stricte réalité scientifique.
Hervé Millet conclut : « L’industrie plastique, pour continuer à faire prospérer l’économie européenne et française, doit poursuivre ses efforts de communication et d’éducation sur les bénéfices de ses produits et sur sa contribution positive dans la recherche de solutions aux enjeux sociétaux. »

 


NB : tous les chiffres 2017 sont des estimations


* Il existe de nombreux types de polymères, mais ils se classent en 2 grandes familles. Les thermoplastiques qui peuvent être moulés à l’infini et les thermodurcissables qui, une fois mis en forme sous l’effet de la chaleur puis refroidis, ne peuvent plus être retransformés.